COMPTE RENDU DE CONCERT 2


    Nantes, L'Olympic, le 28 avril 2000

    21h53. Une lumière blafarde éclairait un public chauffé à blanc, après une première partie éprouvante. Mais la Mère Théreska n'avait pas pour autant épuisé les foules. Il nous fallait SKA-P. Nous nous mettions à scander le nom du groupe, bientôt, toute la salle hurlait. Quelques roadies procédaient religieusement au changement de plateau, mais c'était bien Kogote que je voyais, là bas, dans l'ombre, programmer son synthétiseur. Personne ne semblait réaliser. Un coin de coulisse lui assurait un anonymat parfais. Nous pouvions percevoir le ronronnement de la clim', poussée à fond, mais c'était trop tard pour se rafraîchir. Il n'y avait plus personne sur scène. La lumière s'éteignit.

    22h07. Les cris de la foule plongée dans le noir redoublèrent de force. Les projos mitraillèrent la scène. L'orgue de Kogote entama Circoibérico, les SKA-P entraient sur scène, crânes rasés, rangers serrées, guitare au poing, et t-shirts à l'effigie du Che. Et le déluge commença. Tout le public chantait en cœur le chant traditionnel. Pipi fit irruption, bouffon immense, déguisé en chef de fanfare, et commença son discours... "Buenas noches amigos y amigas...!" Les coup de caisse claire explosèrent, la chanson parti comme un coup de canon. Le public devenait un véritable océan, agité, soulevé par une tempête. Du début à la fin. La voix nasillarde de Pulpul crachait sur la guardia civil, les politiciens véreux, le racisme, et envoyait l'Europe du capitalisme proprement se faire foutre. La salle se changeait en un véritable bataillon, féroce mais joyeux. A notre tête, Pipi, changeant de déguisement à chaque chanson. Joxémi, électrique, survolté, faisant chanter au public When The Saints Go Machin' in, au seul son de sa disto. Julio, courbé sur ses quatre cordes, poussant la fréquence basse. Luisi, frappant sèchement les toms. Kogote, assurant la mélodie tantôt aux cuivres, tantôt au banjo, ou autre accordéon, et Pulpul, n'épargnant aucune injustice du système.

    Les moments intenses furent nombreux. Paramilitar vit les drapeaux brandis de la révolution et l'anarchie, Pinochet fut taxé de hijo de puta (approbation unanime du public) avant un América latine LIBRE!! émouvant. Pipi se lâcha sur Sexo y religion, déguisé en curé (comme quoi la soutane noire peut faire bon ménage avec les rangers), une paire de faux seins, et nous frappant(on était devant la scène) avec une bitte en mousse. Pulpul se faisait de plus en plus ironique sur Espana Va bien, l'ambiance était à l'euphorie. L'heure était ensuite aux ouvriers..." Para todos los obreros de Nantes!", cria Pulpul, avant d'entamer les accords de El vals del obrero, que nous reprîmes en cœur. Un véritable lien s'était installé entre le groupe et nous, entre le peuple et les meneurs. Pipi fut hué lorsqu'il apparut en blouse blanche, ensanglanté par l'hémoglobine d'un foc (fuck!Un faux foc!), qu'il était occupé à éviscérer. Kémalo commença...
    Une fougue incomparable s'était emparée de la salle. Il faisait chaud, très chaud. Tout le monde crevait de soif (j'ai perdu presque 2 kilos au concert). Mais les SKA-P pensent à tout: il nous jetaient de temps en temps des bouteilles d'eau, et Pipi débarquait, un jerrican à pompe sur le dos, et, brandissant le tuyau, nous balançait de la flotte, et arrosait littéralement le public déshydraté. C'était alors reparti pour l'intense prestation. Joxemi impressionna par ses prouesses stylistiques de guitariste, et maria le Ska festif à un Hard Rock ravageur, en un Insecto Urbano dégenté. On se souviendra longtemps aussi de ce Juan Sin Tierra, mentionnant le poète Victor Jara, et hurlant tous en choeur "revolucion!", ou "viva Zapata!". Il n'y avait rien à dire sur cette prestation, mais il manquait tout de même quelque chose: on avait pas eu Cannabis! Nous le fîmes rapidement savoir, en un rappel tonitruant. Les SKA-P obtempérèrent en riant. L'intro de la chanson fut chantée par Pulpul et Joxemi a capela, et au public de répondre "HACHIS!".
Le concert s'acheva dans l'effervescence, après plusieurs rappels, tout les membres de SKA-P sautaient en jam dans le public.
Mémorable.

Perry

Si vous aussi vous avez assisté à un concert de Ska-p, n'hésitez pas à m'écrire, il y aura de la place pour tout le monde.